La présence d’une journée Tel-Aviv Plage au sein de Paris Plage, un an après les 2000 enfants morts à Gaza sous les bombardements israéliens, quelques jours après le meurtre d’un bébé par des colons, suscite une polémique lancée par Danièle Simonnet élue Parti de Gauche du XXe.

Quand un couple d’amis s’entretue, il n’est jamais évident d’accepter une invitation au barbecue.

C’est un peu ce qui nous arrive dans le conflit asymétrique entre les deux peuples sur la terre d’Israel.

Je ne reviens pas sur notre devoir de fraternité envers l’un et l’autre, peut-être juste sur notre part responsabilité, celle du choix de leur impossible maison commune.

La Palestine était un protectorat européen quand l’Europe vit dans l’idée d’un peuplement juif, la porte de sortie commode de son antisémitisme comme de sa culpabilité envers le peuple juif.

On connaît la suite. Un nouveau peuple apatride était né et des décennies de haines sans issues s’ouvraient. Avec un nouvel état juif déterminé à se montrer loup, pour ne pas être de nouveau agneau immolé (cela se comprend après la Shoah, non ?) et un peuple palestinien immolé à son tour sur l’autel du crime européen.
La victoire d’Israel qui pour être sans borne et sans frein menace sa ruine, vu l’océan des haines qui l’entoure et le renversement qui s’opère de peuple martyr, à État tortionnaire.

Si notre devoir de fraternité reste intact envers deux peuples qui doivent pourtant habiter un même État. Quel doit-être le rôle de nos institutions ?

Sûrement pas d’organiser des parties de plage avec le vainqueur, un an à peine après que 2000 enfants palestiniens aient été tués.

S’il n’y a ni bon ni mauvais, ni camp à choisir, ni coupable â désigner. Il y a une règle laissée par St Louis à son fils en héritage lors de son départ pour… Jérusalem (déjà) : « Dans un conflit du fort au faible, soutenir le faible en attendant le jugement. »

La victoire écrasante des Israéliens leur donne la responsabilité écrasante : faire la paix. Non d’accélérer comme c’est le cas, le processus d’expansion territorial. -Qu’Israel même aille au bout de son projet de Grand Israël, mais y reconnaisse la qualité de citoyens aux non juifs qui la peuple aussi. La vocation d’un état laïque les réunissant, c’est à dire l’inverse de la marche actuelle vers la confusion entre état et religion.-

Le message politique que nous fait passer le socialisme de consumérisme, à Paris comme au sommet de l’Etat est rigoureusement inverse à la tradition dite « Gaulliste », mais c’était aussi celle de Sartre ou de Camus, celle des Communistes aussi bien que des Chrétiens ou des Libres Penseurs, d’indépendance et d’humanisme qui éclaire la France quand elle a de beaux moments.

Tournant le dos à une tradition diplomatique millénaire, Anne Hidalgo nous invite à nous divertir avec les vainqueurs et à oublier les plus faibles, comme François Hollande (Nicolas Sarkozy avant lui) vend-lui des armes, à n’importe quel État pourvu que l’argent rentre.

L’engagement moral, dans cette perspective comptable se traduit par une doctrine nouvelle : jouer les bonnes consciences tapageuses dans toutes les causes qui ne coûtent rien et à oublier ceux dont le malheur ne rapporte rien.

Nos dirigeants nous font ainsi passer un cruel message. Aux Français ils disent, exit la fierté et la différence, il s’agit désormais de baser nos liens au monde, sur notre intérêt et notre plaisir immédiat. Le monde ne sert qu’à être consommer (on accueille le valorisant sommet sur le climat à Paris, mais on impose le bétonnage de la campagne à Notre-Dame des Landes etc).

Nous sommes non seulement ainsi dans la roue des anglo-saxons, mieux, nous sommes devenus culturellement des anglo-saxons comme les autres.

Un prix moral que certains élus parisiens, Danielle Simonnet en tête, ont l’honneur de refuser. Comme elle je n’irai pas à Tel Aviv Plage, autant par amitié pour les Israéliens que par amitié pour les Palestiniens, mais d’abord parce que j’ai conscience « qu’être Français » doit tendre à signifier quelque chose.

Je vous laisse avec l’excellent commentaire de Jacques Livchine, artiste, qui montre par l’exemple qu’une vraie politique culturelle éviterait des faux-pas à la politique spectacle : « Madame Hidalgo, si seulement si seulement au lieu de mettre l’argent des parisiens dans des boîtes de com abominables et nulles, vous eussiez confier votre événement à jacques Livchine, c’est moi, ça va plus vite pour faire un contrat, je vous aurai concocté une vraie plage -manifeste de la paix avec tous les formidables artistes israéliens qui travaillent main dans la main avec des palestiniens, avec des israéliens vivant en France qui ont des spectacles très drôles sur Israël , avec Barenboim, avec des cinéastes, avec des restaurateurs arabes de Yafa , avec le houmous des yemennites de Tel-Aviv , avec Darwich, on aurait même fait une table de négociation Israël Palestine et en deux heures, on aurait signé la paix totale, mais on aurait déclaré une triple guerre aux intégristes aux colons et aux djihadistes et à tous les cons de la terre, et puis surtout on aurait ri ensemble. Là, je ne suis pas à Paris, mais 500 policiers, ça craint, au moins on aura peut être l’ambiance des check point, car il faudra peut être repousser les fanatiques du 9.3. voulant pénétrer le 7.5. »

Langlois-Mallet

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